Bazoches, s’appelait Basilicarum en 1135, Bazolchiis au XIIe siècle, Basilicarum Monastérium en 1201, Basoches en 1209 et Paroisse Saint Pierre de Bazoches en 1668. Bazoches est un très vieux village romain. En 1859, on a découvert les restes d’une villa avec une belle mosaïque (actuellement au musée de Laon) attestant le séjour d’un riche gallo-romain. Il semble que les Romains aient choisi Bazoches pour stocker du blé en raison du voisinage de la rivière et de la chaussée conduisant jusqu’à la mer. Un pont sur la Vesle porte encore le nom de César. Deux fonctionnaires romains gardiens des greniers publics, Ruffin et Valère, qui étaient chrétiens, étaient à la tête des greniers impériaux dans une région de production céréalière, dans l'Aisne. Grâce aux relations que cela leur permettait, ils évangélisèrent les voyageurs et les fonctionnaires qui venaient s'approvisionner chez eux. Leur chef hiérarchique le préfet Rictiovare l'apprit, les dénonça et ils furent martyrisés vers 296, noyés dans la Vesle. Les chrétiens en retirèrent leurs corps et les ensevelirent. Au VIe siècle, sur le lieu de leur supplice, Saint Loup, Evêque de Soissons fit fonder une collégiale dédiée à Saint Ruffin. La basilique donnera son nom à la commune Basilica qui deviendra Bazoches. Une fontaine située dans le jardin du château attira les pèlerins qui venaient implorer les deux martyres pour la guérison de « l’enflure ». La Seigneurie de Bazoches appartenait à l’origine aux archevêques de Reims qui en avaient fait don aux évêques de Soissons. Ces derniers y établirent un manoir dont ils confièrent la défense à des Chevaliers qui prirent le titre de Seigneur de Bazoches quoique vassaux de l’évêque. Parmi eux citons Eudes de Chatillon (Xe siècle), Miliès, Gervais, Guy, Nicolas, Robert et Gaucher de Bazoches. Les seigneurs de Bazoches donnèrent à l’Abbaye d’Igny des droits de pâturage, usages et aisances dans les bois leur appartenant. L’abbaye d’Igny, dont le premier abbé fût le bienheureux Guerric, agrandit sa terre grâce aux donations d’Ade et Gérard de Bazoches. Vers 1120, l’épouse de Guy de Bazoches, Hermangarde de Roucy, donne le jour à un fils nommé Hugues comme son grand-père. Ce prénom est presque traditionnel dans la famille de Châtillon. Enfant irascible et indiscipliné, son père le met au couvent à Cîteaux. Il s’y conduit mal et est transféré à Clairvaux. Ne voulant pas rentrer dans le droit chemin, Gérard, l’abbé de Clairvaux, le dirige vers Igny. En 1177, l’abbé Gérard vient en visiter sa maison d’Igny. Hugues, qui voue à l’abbé une véritable haine, le poignarde. Son crime commis, il cherche à se réfugier à Bazoches chez son neveu qui l’éconduit. Après quelques années d’errance, Hugues se rend à Rome afin de solliciter le pardon du Pape. Le Saint-Père le repousse. La légende veut que le moine maudit ait terminé sa vie à Bazoches. D’après la légende, les nuits d’hiver, on croit entendre sa voix entre les saules et les peupliers. Une clameur s’échappe des roseaux, notamment à la Rosière, lieu en bordure de la Vesle) aux Bas sujets, aux Chanteraines (les raines ou reinettes désignent les grenouilles très nombreuses, qui croassent en ce lieu humide, proche de la Vesle). A la veillée, les enfants se serraient autour de leurs parents. C’est Hugues, le méchant moine qui implore sépulture en terre bénie !...
Au Moyen-Âge, le village fut entouré d’une épaisse muraille renfermant le château fort des seigneurs de Bazoches, dont trois furent évêques de Soissons tandis qu’Haimon de Bazoches deviendra évêque de Châlons vers 1150. Lors de la guerre de Cent Ans, le château fut démoli puis reconstruit en 1417. Il passa sous contrôle des Anglais peu après l’an 1424. Démoli à nouveau lors des guerres de Religion en 1568, incendié par les Espagnols en 1650 lors de la Fronde, il est toujours restauré. Avant 1914, il est transformé en ferme, habité par le docteur Paul de Saint-Léger. La Grande Guerre le ruine définitivement. Toutefois, de nos jours, il reste encore des traces des anciennes fortifications, portes, tours, et fossés.
Prieuré en 1186, châtellerie en 1423, Baronnie vassale de l’évêché de Soissons, maladrie unie à l’Hôtel-Dieu de Soissons, Bazoches deviendra chef-lieu d’une doyenneté rurale de Fère-en-Tardenois. Dans l’église de Bazoches, construite dans la seconde moitié du XIIe siècle, se trouve une cuve baptismale en calcaire du XIIe siècle classée Monument Historique le 16 avril 1931. La statue de sainte Barbe, amputée de sa tête et de sa main droite, a été inscrite au titre des objets mobiliers sur l’Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
A la sortie de Bazoches se trouve « le Multon » un petit affluent de l’Aisne. En 1859, des fouilles archéologiques ont eu lieu lors des travaux de terrassement pour l’installation de la voie ferrée de Reims à Paris via Bazoches et Soissons. Cette ligne, longue de 158 km, est inaugurée le 16 avril 1862. Le 1er juin 1894, on assiste à l’ouverture de la ligne Reims à Paris par Bazoches et La Ferté Milon longue de 155 km. Bazoches devient un nœud ferroviaire. La gare a pris un essor important. L’ancien Hôtel des Voyageurs reste le témoin de cette époque. A moins d’un kilomètre de Bazoches, sur un monticule à gauche de la voie ferrée, se trouvait un prieuré des XIe et XIIe siècles qui sera transformé en ferme.
Particulièrement touché par la Grande Guerre, Bazoches a fait l’objet, entre 1919 et 1931, d’un vaste plan de reconstruction sous la conduite des architectes Maigret et Prat. (Extrait de La Vesle et sa vallée – Michel THIBAULT – éditions du Coq à l’Ane)